Actualités écologiques

Source laurent-escure.org

Montée conjointe des prix du gaz, de l’électricité, des carburants mais également des produits du quotidien : le pouvoir d’achat est plus que jamais au centre de toutes les préoccupations. Si diverses sources statistiques nous enseignent qu’il a augmenté au cours des dernières années, comment expliquer qu’un nombre croissant de Français témoigne de difficultés à boucler leurs fins de mois ?

Intéressons-nous à leur réalité économique, à leur reste à vivre : celui-ci n’a cessé de s’éroder de mois en mois, sous la pression des dépenses contraintes (frais de logement, assurances et services financiers, énergies et carburants, frais de transport, frais de cantine scolaire…).

Cette frustration d’une vie qui ne rapporte pas ou peu n’est pas supportable. Y remédier suppose de mettre en œuvre rapidement une politique sociale ambitieuse enracinée autour de cinq piliers.

  1. Sortir de la logique de rattrapage

    Il nous faut tout d’abord retrouver le sens du progrès en matière de rémunération du travail et d’assistance. Nous nous sommes, depuis des années, habitués à une logique de rattrapage se résumant à courir après la hausse du coût de la vie sans pour autant développer une politique de revenus offensive. C’est avec cette visée du long-terme qu’il nous faut, à mon sens, renouer, pour permettre aux revenus d’augmenter dans la durée.

  2. Instaurer une Garantie Numérique Universelle

    Je plaide ensuite pour une mesure forte visant à adapter notre droit social aux défis qui nous font face. L’accès à l’information et à la communication pour tous est un de ceux-ci. Il devrait être considéré comme un droit social fondamental. A nouvelle donne, nouvel outil : je propose l’instauration d’une Garantie Numérique Universelle qui couvrirait un abonnement téléphonique et un accès à Internet pour tous.

  3. Rebattre les cartes de la fiscalité sur le patrimoine

    Comment améliorer le reste à vivre des ménages les plus modestes sans se pencher sur le fossé abyssal creusé par les inégalités de patrimoine ? Le renforcement de ces inégalités année après année, génération après génération, génère des risques graves pour la démocratie et appelle la mise en place d’un cadre fiscal ambitieux sur lequel j’aurai l’occasion de revenir plus en détail dans un prochain billet.

  4. Construire de nouveaux logements

    Cela ne fait pas mystère : le logement plombe lourdement le reste à vivre de nos concitoyens. Il constitue l’un des postes budgétaires les plus inégalitaires : un ménage pauvre locataire du parc privé engage 40% de ses dépenses dans le logement contre 28% pour un ménage aisé (France Stratégie 2021). Outre l’instauration d’une fiscalité adaptée, je propose de desserrer l’étau autour du marché immobilier par un choc d’offre, en construisant massivement de nouveaux logements adaptés aux normes environnementales.

  5. Instaurer des chèques consommation-emploi fléchés stratégiquement

    Pour conjuguer pouvoir d’achat et relance de l’emploi, je propose enfin de consolider une politique de la demande irriguant les entreprises européennes et les circuits-courts. Ces chèques consommation-emploi pourraient être fléchés vers l’achat de biens produits en Europe, participant à la réindustrialisation de nos territoires et répondant à des critères environnementaux. Leur montant pourrait même se voir bonifié en fonction de la provenance des biens achetés.

Les solutions pour augmenter le reste à vivre de nos concitoyens tout en participant à la relance de l’emploi existent. Il n’appartient qu’à nous, entrepreneurs de bonne volonté, de passer à l’action !

Rapport du Haut Conseil pour le climat

il faut relancer la transition juste

Source unsa.org

L’UNSA se félicite que le Haut Conseil pour le Climat accorde une part très importante de son rapport aux territoires et à la justice sociale, soulignant que la “transition juste” est un enjeu central des politiques climatiques.

Dans l’actualité économique, sociale et politique du moment, le dernier rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat, intitulé « Redresser le cap, relancer la transition » est passé presque inaperçu, pas pour l’UNSA !

L’instance en charge d’évaluer la stratégie nationale en matière de lutte contre le réchauffement climatique s’est montrée très critique vis à vis du gouvernement. Soulignant quelques rares progrès comme le budget vert mis en œuvre pour le prochain projet de loi de finances, il constate que l’évaluation des lois et des politiques en matière de climat n’a pas progressé.

En effet, la réduction des émissions de gaz à effet de serre continue à être trop lente et insuffisante pour permettre d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Le Haut Conseil pour le Climat définit ce que pourrait être un plan de relance économique compatible avec les objectifs de transition bas-carbone et de nouveaux emplois :

  • dans le bâtiment avec la rénovation énergétique ;

  • dans le transport avec des investissements dans les transports publics et les infrastructures de mobilité propres ;

  • dans l’industrie avec des mesures d’efficacité énergétique, le développement du recyclage des déchets et des matériaux et le soutien de la recherche et du développement pour des procédés industriels bas-carbone ;

  • dans l’agriculture avec l’augmentation du stockage de carbone dans les sols, le développement des protéines végétales et des pratiques agro-écologiques pour l’élevage ;

  • dans l’énergie avec le déploiement d’énergies renouvelables.

Comme le Haut Conseil pour le Climat, l’UNSA considère que l’élaboration du plan de relance aura un effet structurant sur les émissions des prochaines années, et doit anticiper les mutations de notre économie face au changement climatique. Il faut donc un changement de cap.

Le Haut Conseil pour le Climat rappelle que les régions sont “les cheffes de file du climat” avec plusieurs leviers d’action en matière de stratégie bas carbone, et notamment dans les trois secteurs les plus émetteurs en France : les transports, l’agriculture et le bâtiment.

Saluant la Convention Citoyenne pour le Climat, initiative remarquable à valoriser, le Haut Conseil pour le Climat rappelle que c’est l’État qui reste le garant de la mise en œuvre et de l’équité des politiques publiques climatiques.

En conclusion, le Haut Conseil pour le Climat rappelle que le changement climatique continue de s’aggraver. À l’échelle planétaire, les années 2015-2019 ont été les cinq plus chaudes jamais enregistrées. L’année 2019 a été la plus chaude pour la température de surface en Europe, et a été marquée par deux vagues de chaleur et une sécheresse exceptionnelles en France. Le premier semestre 2020 est le plus chaud jamais enregistré en France.

L’UNSA, au niveau national, dans les branches professionnelles et dans les entreprises, par l’action de ses représentants dans les négociations, se mobilise pour placer l’exigence écologique au coeur des plans de relance, et d’un dialogue social concret et efficace.

CONVENTION CITOYENNE - Contribution de l’UNSA


Souce unsa.org

La transition écologique ne se fera pas sans justice sociale !

Répondre à l’urgence écologique nécessite de repenser totalement nos modes de vie, de consommation et de production pour construire un nouveau modèle de développement.

L’UNSA adhère à cette démarche globalisante et, à sa place syndicale, elle entend en être pleinement actrice. Mais elle ne réussira pas sans une mobilisation générale de tous les acteurs, institutionnels ou organisés, comme de tous les citoyens. Pour cela, la question de son acceptation sociale est centrale et la justice sociale en est la clé.

Dans ce contexte, l’emploi est un des dossiers centraux.

La transition écologique bouleversera, et elle le fait déjà, le marché du travail sans que personne ne puisse établir, malgré les différentes études prospectives, dans quel sens, entre destructions et créations, penchera mécaniquement la balance. C’est bien pourquoi, sur une question socialement aussi cruciale que l’emploi, l’enjeu est, pour l’UNSA, de ne pas laisser se dérouler des mécaniques aveugles résultant des seules logiques de marché mais, tout au contraire, d’impulser des politiques volontaristes susceptibles d’orienter, d’accompagner et d’apporter des solutions.

Comme la transition écologique, l’emploi nécessite des cadres politiques internationaux, européens, nationaux mais aussi territoriaux car c’est là que se joue beaucoup de son opérationnalité.

La favorisation des circuits courts et donc de la consommation locale peut tout d’abord induire une certaine relocalisation des emplois confortant ainsi les bassins d’emplois, notamment pour les TPE-PME.

L’UNSA défend depuis longtemps un grand plan pour l’isolation thermique des bâtiments et l’amélioration des systèmes de chauffage. Ce plan national peut aboutir à un développement de l’activité doublement vertueux, et en termes de transition énergétique, et en termes d’emplois non délocalisables, dans cette filière du bâtiment.

De plus, cet investissement profitera aux plus démunis, les plus touchés par la précarité énergétique, cette mesure est alors aussi vertueuse socialement.

Cet exemple sera amené à être décliné dans d’autres secteurs si l’on veut réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre tout en préservant ou en développant l’emploi. Cependant, cela ne suffira pas. Car nombre d’implantations locales, aujourd’hui grosses pourvoyeuses d’emplois, supportent en fait des activités à rayonnement national ou international, notamment lorsqu’elles sont à caractère industriel.

L’exemple de l’automobile en est illustratif.

Les évolutions qui y sont annoncées sont massives avec :

  • une modification des systèmes de propulsion liées aux enjeux environnementaux (disparition du diesel, développement des motorisations électriques, hybrides et à hydrogène, mais également amélioration des moteurs thermiques) ;

  • les nouvelles utilisations de la voiture (co-voiturage, autopartage…) ;

  • le développement des véhicules connectés autonomes.

    Ces mutations environnementales et technologiques auront des répercussions incontournables en termes d’emplois dans une filière qui, en France, mobilise 440 000 emplois directs ou indirects pour sa partie « amont » allant de la conception à la fabrication et 550 000 emplois directs ou indirects pour toute sa partie « avale » concernant les services liés à l’automobile (commercialisation, maintenance, location, etc…).

    Ces répercussions seront qualitatives avec des évolutions de compétences dans les métiers de la recherche-développement comme de la fabrication mais aussi quantitatives. Les moteurs électriques utilisent par exemple 60 % de pièces détachés en moins que les moteurs thermiques ce qui implique beaucoup moins d’heures de travail pour les fabriquer, impactant les constructeurs automobiles mais aussi, et surtout, les équipementiers. Une voiture électrique, c’est aussi de l’ordre de 60 % d’entretien en moins, avec les effets induits sur l’activité des concessions et des garages automobiles.

    D’autres emplois pourront apparaître en relation avec le développement de la filière « batteries », surtout si une voie européenne de conception et de fabrication est empruntée et de nouveaux métiers apparaitront également avec le développement des services de mobilité.

    Cependant, des questions se posent sur l’équilibre en termes d’emplois et en termes de modification d’emploi ou de métier, cela ne se faisant pas aussi facilement que déplacer des pièces sur un échiquier. Dans ce cadre, la formation professionnelle est, pour l’UNSA, une des clés essentielles à utiliser, et il faudra qu’elle soit déployée beaucoup plus massivement qu’aujourd’hui, en articulation avec l’emploi.

    Cet exemple, dans un secteur qui compte près d’un million de salariés, est significatif et l’UNSA souhaite mettre en avant la nécessité de traiter les questions d’emploi et de transition écologique ensemble et de façon indissoluble.

    C’est dans cette logique que l’UNSA est porteuse d’un certain nombre de propositions se déclinant autour de trois axes :

  • Anticiper:
    C’est une évidence mais l’anticipation des mutations et évolutions est une des conditions de leur bon traitement écologique, économique et social. Dans cette logique, l’UNSA propose que l’emploi soit systématiquement abordé dans toute étude ou travail prospectif visant la transition écologique.
    Cela doit aussi passer par la mise en place d’indicateurs fiables pour être en capacité d’identifier et de piloter la baisse des gaz à effet et l’impact sur les emplois.
    Cette anticipation doit aussi se faire dans la recherche, tant fondamentale qu’appliquée, afin de trouver les solutions adaptées et les partager avec tous.
    Enfin, cela passe aussi par une anticipation forte dans la formation initiale des futurs citoyens, pour préparer le plus grand nombre aux évolutions.


  • Associer, négocier:
    La transition écologique et ses différents aspects (lutte contre le réchauffement climatique, transition énergétique, biodiversité…) relèvent d’une démarche globale qui nécessite l’association tous les acteurs. Le dialogue social est donc un impératif. En matière d’emploi, la « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences » offre la méthodologie et la forme juridique adéquates dès lors qu’elle donne bien lieu à négociation entre partenaires sociaux à ses trois niveaux (entreprise, branche, territoire). Les contrats de transition écologique dans les territoires peuvent également être des vecteurs de ces politiques intégrant l’emploi, dès lors que les partenaires sociaux, et par là même les citoyens, y sont bien associés.


  • Garantir, sécuriser:

Intégrer et associer ne suffit pas en matière d’emploi. Il faut encore définir les actions qui permettent de garantir et de sécuriser, notamment les salariés. Les investissements et la formation pour permettre les ajustements de qualification ou des requalifications complètes, les garanties en matière de mobilité et de logement doivent être impérativement précisés dans tous les accords et plans visant l’emploi dans le cadre de la transition écologique. Baisser les émissions des gaz à effets de serre est aujourd’hui une nécessité, le temps nous est compté mais cette politique globale est une chance pour notre pays, à la condition que le pilotage de cette baisse soit global, incluant les questions d’emplois, faisant alors coïncider les problématiques de fin du monde et de fin du mois. La transition écologique sera aussi sociale.